C'est là, au cap rocheux où commence le vignoble, que se tient majestueusement le Portail de Fully. Dans ce lieu, la folie des vents se déchaîne, brisée par le mur imposant du Sex-Carro : les souffles puissants du Léman fusionnent avec les brises légères et sèches du Rhône.

La folie des fleurs y éclate avec splendeur : la rarissime Gagée des Rochers, ornée de sa délicate corolle jaune, et l'Adonis du printemps s'épanouissent parmi d'étonnants papillons, témoignant de l'unicité de cet endroit. Cette exception se retrouve également dans les saveurs exquises de certains Pinot noir ou Gamay, fruits d'une symbiose parfaite entre les courants multiples et les roches cristallines.

Le ciel, le sol unique commencent ici. Une moraine s’avance, le premier toit de vignes sur Branson. Tout à l’ouest les chênes verts, à l’est les châtaigniers : une variante de sécheresse et d’humidité. Et, entre deux, la terrasse béton-granit, la note aiguë et ardente qui donnera un accent et du nerf aux blancs : du chasselas à l’Arvine.

Un clavier sur fond rocheux pour toutes les touches de la vigne. La pente qui s’offre du premier levant au dernier couchant. De Branson au clocher de Fully, le sentier des Romains, experts en positions, a bouclé sa boucle aux Claives. Voilà un site parfaitement protégé et ouvert : la patrie idéale — exclusive peut-être — des Arvines et des Hermitages. Tout ressuscite aux Claives : depuis les Humagnes aux plants les plus tardifs.

Les plus exigeants y gagnent en renommée.

Au point le plus juste, face au soleil, un pli dans la montagne, un four se creuse dans une terre sensible qui rougeoie, à peine rocheuse. Elle est prédestinée à enfanter cette lumière des très grands rouges valaisans, natifs ou recréés ici dans des conditions optimales. Cette terre est en elle-même une sélection.

Elle redit en ampleur, plénitude et saveur, tant par le corps et le bouquet, ce brûlant silence de son sol et de son ciel.